Avortement, la France renforce la loi. Et dans le reste de l'Europe ?

La France a voté une loi pour renforcer le droit à l'IVG : parmi les innovations les plus importantes, l'allongement de 12 à 14 semaines du délai légal d'interruption de grossesse par chirurgie et la possibilité d'intervention des obstétriciens également. Deux mesures qui traitent, d'une part, des voyages à l'étranger pour avorter des femmes ayant dépassé le délai imparti, et, d'autre part, de l'objection de conscience de nombreux médecins.

La loi prévoit la création d'une base de données avec la liste des professionnels qui pratiquent l'IVG et supprime le délai de réflexion obligatoire de deux jours après la consultation psychosociale, obligatoire pour les mineurs.Selon le décret publié en février, l'interruption de grossesse par voie pharmacologique peut au contraire se faire dans les 7 semaines, même hors hôpital, avec livraison des médicaments directement à la pharmacie, sans obligation de prendre la première pilule en présence de un professionnel de la santé.

Qui le fait à distance et qui l'interdit

Dans le monde, l'avortement est un droit qui vient d'être conquis en Colombie où, cette semaine encore, la Cour constitutionnelle l'a dépénalisé, l'autorisant jusqu'à la 24e semaine de grossesse, surmontant une règle antérieure qui ne l'autorisait qu'en cas de malformations graves de viol ou de grave danger pour la femme (jusqu'à quatre ans et demi de prison pour quiconque avorte ou aide une femme à le faire, sauf dans ces cas).

Désormais il sera possible d'avorter même jusqu'au sixième mois de grossesse. Mais il existe encore de nombreux pays, de l'Amérique du Sud à l'Afrique en passant par l'Asie, où l'avortement est illégal (par exemple en Angola, en Égypte, au Gabon, en Guinée-Bissau, en République dominicaine, au Salvador, en Haïti et au Nicaragua) ou autorisé uniquement dans le cas où la vie de la femme enceinte est en danger (par exemple au Nigeria, en Somalie, au Venezuela) ou encore en cas de viol et de malformations du fœtus, comme au Mexique, au Chili et au Panama.À l'opposé, il y a des pays, comme l'Allemagne et le Royaume-Uni, où l'avortement peut également se faire à distance, en télémédecine, une mesure qui a été utilisée pendant les périodes les plus difficiles de la pandémie. Une carte de la situation des IVG dans le monde a été créée sur la base des données du Center for Reproductive Rights.

L'avortement en Italie

Depuis 2009 également dans notre pays, il est possible d'interrompre volontairement une grossesse dans les 9 premières semaines de gestation (63 jours) avec la méthode pharmacologique, en prenant le RU486 ou la pilule abortive (à ne pas confondre avec le lendemain pilule, qui n'est en aucun cas un médicament abortif mais un contraceptif d'urgence).

Le médicament abortif contient un stéroïde, la mifépristone, à associer deux jours plus tard au misoprostol (analogue synthétique de la prostaglandine E1) qui induit des contractions utérines. Jusqu'en août 2020, une hospitalisation d'environ 3 jours était nécessaire pour prendre les deux médicaments à 48 heures d'intervalle.Désormais, elle peut se faire, jusqu'à 9 semaines d'âge gestationnel, dans des structures ambulatoires rattachées à l'hôpital et agréées par la Région, ainsi que des consultants, ou en hôpital de jour.

L'avortement chirurgical, aujourd'hui (enfin) un peu moins pratiqué, peut être pratiqué dans les 90 premiers jours de gestation, une intervention réglementée par la loi 194/78.

L'Italie est l'un des pays au monde où l'avortement est le moins utilisé. Selon les dernières données du ministère de la Santé, il y a eu 73 207 avortements volontaires en 2019 alors qu'ils étaient 235 000 en 1983, l'année avec le plus grand nombre d'IVG. Ce sont surtout les femmes entre 25 et 34 ans qui avortent, tandis que les très jeunes sont en baisse.

L'avortement en Europe

Dans la plupart des pays européens, l'avortement est autorisé à la demande de la femme enceinte sans restriction hormis la limite du nombre de semaines de grossesse et sous réserve d'une autorisation parentale pour les mineures.L'IVG, en revanche, n'est autorisée que dans des cas d'une extraordinaire gravité en Andorre et à M alte (trois ans de prison pour ceux qui se font avorter). A Saint-Marin, il n'est devenu légal qu'en 2021. En Pologne, une sentence du Tribunal constitutionnel a éliminé en 2020 la "malformation grave et irréversible du fœtus ou maladie incurable qui menace la vie du fœtus" des causes légitimes d'avortement.

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