Les relations défectueuses d'Esther Viola. Colère après une histoire

Table des matières

Chère Ester,

me revoilà. Aujourd'hui, j'ai une question beaucoup plus courte pour vous : pourquoi, à la fin d'une histoire, finit-on toujours par se mettre en colère ? Qu'est-ce qui pousse les gens à se dire le pire, même quand ce n'est pas nécessaire ? Parce que celui qui part doit ouvrir de nouvelles blessures - ou ressasser celles subies -, et celui qui reste doit répondre ?

Dans mon histoire, je dirais que les choses se sont plutôt bien passées ; puis, presque de nulle part, il y a eu le besoin de crier des choses anciennes et nouvelles, des jugements négatifs, de souligner à nouveau toutes les erreurs du passé, d'en ajouter de nouvelles. Quelle obsession les gens ont-ils de la colère ?

Ne pourrait-on pas simplement accepter la douleur qu'implique une séparation, plutôt que de devoir réitérer l'impossibilité du dialogue, de la compréhension ? P.

La réponse d'Ester Viola

"

Ester Purple

Cher P.,

Chaque e-mail que vous m'écrivez me fatigue, je suis heureux. La prochaine fois je vous répondrai en vous donnant les Lettres aux Amis de Céline (si vous ne les avez pas déjà lues).

Aujourd'hui, vous voudriez de moi les raisons de la haine. Les voici, mais Francesco Piccolo répond. Un maximum de systèmes avec un effort (apparent) minimal pour les faire comprendre.

Demandez pourquoi l'amour ne fonctionne pas aussi bien qu'une boîte à musique. Comment est-il possible que la paire soit une construction aussi faible ? Et pourquoi, si on a compris qu'on n'est pas exactement des couples pétillants, on ne part pas ? Et pourquoi avons-nous tendance à sucer si nous partons ? Quelle est cette nouvelle sensation ? Est-ce de la haine ?

Le fait est que la haine n'est pas là où vous la mettez à la fin. Commencez plus tôt, beaucoup plus tôt.

" Les gens qui restent longtemps ensemble, même s'ils s'aiment beaucoup, à partir d'un certain moment ressentent profondément, et inévitablement, un sentiment qui accompagne tous les autres : le dégoût. Dans un couple, à partir d'un certain point, on ne s'aime pas, et même si beaucoup le nient instinctivement, c'est inévitable. Ça arrive à des camarades de classe à l'école, à des amis qui s'adorent mais qui ensuite partent en vacances ensemble et ne se supportent plus, à des gens qui sont en totale harmonie et qui se partagent ensuite la maison pendant trois mois et subtilement (parfois même pas subtilement ) ) ils se détestent. Puis, après une période de séparation, ils retrouvent leur complicité et jouissent même du souvenir de cette antipathie, qu'ils ne reconnaissent plus. Au contraire, deux qui sont ensemble ne s'éloignent plus vraiment, et ainsi l'antipathie se solidifie, s'approfondit, est à la base de bien des gestes et de bien des paroles.Et ça coexiste très bien avec l'amour » (Dai Momenti, 3).

Et imaginez quand on se sépare. S'il est vrai qu'il y a autant de phrases qu'il y a de têtes, il y a aussi autant d'amours qu'il y a de cœurs, disait celle des hivers russes. Donc aussi plusieurs façons de rompre. Avec une variable indépendante : vous pouvez toujours trouver un peu de colère.

1) Nous partons de manière semi-indolore par la volonté des deux

Cas aussi rare que la licorne. Lorsque vous êtes d'accord avec des âmes tranquilles, ce sont surtout des étoiles alignées, ce n'est pas de la volonté ou une supériorité de caractère. Tous les deux ont une autre personne, il n'y a pas d'enfants à faire souffrir avec les cloisons. Le pourcentage dans le panier est tellement ridicule que je ne le considérerais même pas comme une hypothèse scolaire.

2) On rompt parce qu'on s'est déjà installé ailleurs, peu importe ou presque la douleur que ça va causer.

Un peu en colère ici, ça me semble normal.

3) On rompt car l'un, le plus exploité par le harcèlement de l'autre, n'a d'autre choix que de partir

Ici encore plus qu'un peu. Putain de merde.

Colère. Nous sommes des petits sous-marins boiteux, dit l'autre, le Français. Tout travail d'auto-persuasion après une déception ne serait jamais à la hauteur d'un fait précis : d'une manière ou d'une autre, ils nous ont abandonnés.

Mais je ne pense pas que cette colère, cette haine, cet agacement - appelons ça comme on veut - doive être pris comme une cuillerée de poison, P.

C'est juste qu'une partie de l'amour implique d'admettre la dépendance. Que cela nous plaise ou non (non). Et comment ne pas être en colère, ne pas ressentir de haine, si la vérité est que seule, maintenant, ça ne suffit plus et que c'est la faute de quelqu'un d'autre ? Pire : un autre sur lequel vous n'avez aucun pouvoir ?

Lisez toutes les relations défectueuses d'Esther Viola ici.

Articles intéressants...